Réunis en Assemblée générale en mai 2018, les Etats membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU) ont donné à l’unanimité leur feu vert à des réformes afin que le système de développement des Nations Unies produise des résultats plus tangibles pour les individus et soit plus rentable pour les pays contributeurs. Ces réformes, promues par le Secrétaire Général António Guterres depuis son entrée en fonction en janvier 2017, s’inscrivent dans un projet plus large incluant une réforme profonde de la gestion du système de développement des Nations Unies dans le but d’en transformer la structure, la direction et les mécanismes de responsabilisation.
Intitulée « Repositionnement du Système des Nations Unies pour le développement », cette réforme a pour principal objectif de mettre en place un dispositif adapté à notre monde en mutation à même d’accompagner les pays dans la réalisation des objectifs de l’Agenda 2030 pour le développement durable. Depuis le 1er janvier, nous œuvrons pour :
- Une nouvelle génération d’Equipes-pays des Nations Unies, dont la configuration est guidée en fonction de la demande et adaptée aux priorités nationales, en veillant à ce que les Gouvernements aient accès à l’expertise de l’ONU de manière plus cohérente et efficace ;
- Une redynamisation du rôle du système des Coordonnateurs Résidents, dissociant leurs fonctions de celles de Représentants Résidents du PNUD et en se basant sur les compétences et les avantages comparatifs de toutes les entités du SNU, y compris celles non-résidentes ;
- Un réaménagement de l’approche régionale.
En effet, l’ONU compte actuellement 129 coordonnateurs résidents en charge des questions de développement dans 170 pays. Pour le Secrétaire Général, les réformes sont l’occasion de « résoudre un déficit historique dans notre fonction de coordination, et institutionnaliser ce qui fonctionne, dans tous les domaines ».
Ces réformes viennent surtout à un moment crucial de l'histoire de notre organisation. « Je suis convaincu que la réforme nous permettra de mieux démontrer notre valeur et notre impact dans l'éradication de la pauvreté, la prévention des souffrances humaines et la promotion d'un avenir meilleur pour tous », défend M. António Guterres.
Les réformes en cours consistent donc à mettre en place des mécanismes permettant de faire une réelle différence dans la vie des populations. Elles mettent l’accent sur l'appropriation par les pays, la responsabilité et les résultats pour guider le système de développement des Nations Unies à chaque étape du processus. « Les équipes du Système des Nation Unies sur le terrain seront désormais mieux à même d'adapter leur présence, leurs capacités, leurs compétences et leur réponse globale à vos priorités », affirme le Secrétaire Général.
Le financement de ce nouveau cadre reposera sur un dispositif hybride, avec à la fois le prélèvement d’une redevance de 1% sur les contributions aux ressources autres que les ressources de base et un doublement des contributions des différentes entités du système de développement des Nations Unies dans le cadre de l’accord de partage des coûts déjà en vigueur.
Une réorganisation pour une meilleure efficacité
Alors que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 entre dans sa quatrième année, le Secrétaire Général de l’ONU nous a expliqué qu’il n’y a pas de temps à perdre. « Nous nous engageons à accélérer la transformation, à travailler en étroite collaboration avec vous - et pour vous au nom des populations », a-t-il souligné. « Le changement n'est jamais facile. Mais il peut être bien géré et inclusif pour assurer des transitions en douceur et des résultats tangibles. C'est notre engagement ».
Les Etats membres ont le devoir d’appuyer le changement qu’ils ont adopté en soutenant les organes directeurs des agences, les fonds et programmes des Nations Unies. Une équipe de transition est conduite par la Vice-Secrétaire Générale, Mme Amina J. Mohammed, pour mettre en œuvre les décisions prises par les Etats membres. Elle et son équipe travaillent de la même manière ouverte, transparente et inclusive, avec l’implication de nos fonds, programmes et agences spécialisées.
L'Agenda 2030 nécessitera des changements audacieux à travers l'émergence d'une nouvelle génération d'équipe-pays, centrée sur un Plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement (UNDAF), stratégique, et dirigée par un Coordonnateur Résident impartial, indépendant et habilité.
Pour les Comores, où j’ai présenté mes lettres de créances en 2016 en tant que Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies et Représentant Résident du PNUD, nous menons également cet exercice dans la transparence. Aussi bien le Gouvernement, nos partenaires que l’ensemble du personnel du SNU, toutes les parties prenantes ont été informés en temps réel de l’évolution des réformes. Depuis trois mois déjà, j’ai ainsi passé le relais de la direction du PNUD, après plus de deux ans à sa tête, pour me consacrer pleinement à la fonction de Coordonnateur Résident et Représentant du Secrétaire Général de l’ONU dans le pays, comme l’exige les réformes.
Nouvelles priorités !
Au niveau de l’Equipe-pays, notre vision porte sur trois objectifs prioritaires :
- Mettre les Comores au-devant de la scène internationale, à travers l’engagement des partenaires, la mobilisation de ressources et une meilleure communication, en mettant l’agenda de développement comme priorité ;
- Faire des Nations Unies le principal interlocuteur et partenaire de premier choix de tous les acteurs du pays, notamment le Gouvernement, le Parlement, les collectivités locales, le secteur privé, les organisations de la société civile, les médias, les communautés… ; et
- Assurer une bonne transition au sein de l’Equipe-pays dans le cadre de la mise en œuvre des réformes du Système des Nations Unies pour le développement.
En effet, du 21 au 23 novembre, l’Equipe-pays des Nations Unies a tenu sa retraite annuelle 2018 à Nyumashiwa sur l’île de Mwali, avec comme thème « Renouveler l’engagement dans l’initiative ‘Unis dans l’action’ à la suite des nouvelles réformes du SNU ». L’objectif principal de la retraite était de réaffirmer et renforcer l’engagement des agences onusiennes à accompagner le développement à travers une vision partagée pour une mise en œuvre réussie de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCA2D) révisée et du Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement. Dans le contexte du nouvel agenda mondial et des nouvelles réformes, c’était aussi l’occasion de faire le bilan de nos actions et de dégager les perspectives pour l’année 2019.
A l’issue de cette réunion stratégique, les chefs d’agences ont convenu de s’investir davantage dans la communication, la mobilisation de ressources, et le suivi et l’évaluation des interventions de développement. La cohésion sociale et la consolidation de la paix demeurent aussi des priorités pour l’Equipe-pays. Ceci nous appelle donc à mener diverses actions pour :
- Maintenir le dialogue au sein de l’Equipe-pays pour assurer la transition et l’appropriation de la mise en œuvre de la réforme des Nations Unies ;
- Renforcer la communication et la visibilité des interventions pour une meilleure capitalisation de l’expertise du SNU en vue de répondre efficacement à la demande dans le pays ;
- Renforcer les dispositifs de suivi-évaluation au sein de l’Equipe-pays et au niveau national ;
- Fortifier le dialogue entre le Gouvernement et les partenaires au développement et développer une stratégie de mobilisation des ressources pour soutenir la mise en œuvre de la SCA2D révisée et de l’UNDAF ; et
- Mettre en place des interventions conjointes de prévention des conflits, de consolidation de la paix et de promotion des droits de l’homme.
A la hauteur des ambitions…
Sur ce dernier point, la vision du Secrétaire général de l’ONU reste claire et consiste à prévenir les conflits et mettre en œuvre comme priorité majeure la diplomatie pour la paix. Le but est de faire émerger des solutions pacifiques aux conflits qui empêchent tant d’êtres humains d’avoir une vie digne de ce nom. Car il est admis de tous que sans paix, il n’y a pas de développement ! Et pour paraphraser António Guterres : « nous devons faire de la paix le fil conducteur qui relie la prévention et le règlement des conflits, le maintien et la consolidation de la paix, et le développement ».
A cet effet, nous profiterons de l’attention, de la confiance et de l’écoute que les autorités et le peuple comorien expriment à notre égard pour agir en conséquence. Nous devons aider le Gouvernement et les communautés à réaliser leur ambition de développement.
Un vaste chantier est d’ailleurs entamé en interne avec l’implication et l’engagement de l’ensemble de nos collègues. Pour réussir une bonne transition, nous voulons et devons créer notre propre modèle, viable et durable, pour que l’Equipe-pays des Nations Unies en Union des Comores soit un exemple pour l’Afrique, et même au niveau global. Pourquoi pas ?
Dans ce sens, nous nous appuyons sur l’initiative « Unis dans l’action » pour aller de l’avant. C’est une priorité incontournable, toutes nos actions actuelles et à venir doivent en être imprégnées. A cet effet, l’implication des agences non résidentes vient renforcer ce réengagement à travailler ensemble. Je félicite au passage le travail abattu par mes collègues chefs d’agences depuis 2016 pour accentuer notre coopération et notre collaboration pour être à la hauteur des attentes des Comoriennes et des Comoriens.
Bien que beaucoup puissent faire valoir que la pertinence de l'ONU est en jeu, les Etats membres nous ont donné un vote de confiance claire par l’adoption des mandats de la résolution 72/279 de l'Assemblée générale. Ils nous ont également donné l'occasion de prouver notre capacité à nous adapter aux besoins changeants et en comptant sur nous pour relever le défi. Il est maintenant temps de prendre des mesures décisives et de mettre en œuvre tous les mandats de la réforme.